Eric Zander
Le 5 juillet dernier, les médias relayaient les conclusions de l’enquête nationale du bonheur 2018, menée en collaboration avec l’université de Gand. Les titres se focalisaient sur la découverte la plus frappante : « Les Belges plus que jamais en proie à la solitude » . Près de la moitié de notre population se sent seul, souffre d’isolement, de manque de relations vraies. Et c’est étonnamment les tranches d’âges entre 20 et 34 ans (54,5%) et 35-50 ans (53%) qui en souffrent le plus ! Et les chercheurs d’encourager nos décideurs à proposer des espaces de rencontres et d’engagement, parce que « une bonne relation permet d’avoir jusqu’à 5 fois plus de chances d’être heureux » .
« Il n’est pas bon que l’homme soit seul » (Ge 2:18), avait déjà déclaré le Créateur pour annoncer ce « vis-à-vis » que sera la femme pour l’homme. Et tout au long de l’Ecriture, Dieu cherche à rassembler hommes et femmes dispersés, en un peuple uni autour de Lui, un seul troupeau qu’Il conduit, une famille dont Il est le Père. Jusqu’à envoyer son fils, Jésus, pour rassembler les brebis égarées, offrir l’adoption à ses enfants rebelles, intégrer les pierres vivantes à l’édifice qu’Il construit, impliquer chacun de nous comme membres actifs dans Son corps…
Dans notre société individualiste, nous insistons si souvent (peut-être trop) sur le caractère personnel du salut, de « ma décision pour Jésus », que nous pourrions en oublier la dimension communautaire. Bien sûr, il y a l’église, mais c’est bien plus qu’un club qui rassemble les chrétiens individuels, une institution qui compte ses membres inscrits, même baptisés. Nous sommes la famille de Dieu (Eph. 2:19). Nous ne pouvons pas y échapper. Tout notre comportement devrait le refléter, dans nos relations les uns avec les autres, mais aussi vis-à-vis de ceux de l’extérieur. Toutes nos activités, nos structures, tout ce que nous vivons doit stimuler, faciliter, encourager la vie communautaire. Et pas seulement dans nos programmes organisés, mais encore dans nos inter-relations spontanées, improvisées. Quant à « ceux qui n’appartiennent pas à la famille de Dieu », Jésus voyait en eux des brebis qui ont besoin d’un berger, mais aussi d’un troupeau, des enfants égarés en manque d’une famille.
Voilà l’un des grands paradoxes de notre temps : nos contemporains souffrent comme jamais de solitude et d’isolement, et en même temps ils rejettent massivement l’option de l’église pour répondre à leur besoin fondamental. Pourtant, c’est bien la Communauté chrétienne que Dieu a conçue comme le cadre idéal d’épanouissement collectif. A nous de redécouvrir, de vivre et de refléter cette dimension familiale de notre vie communautaire, au-delà de son caractère institutionnel, avec plus de simplicité, d’authenticité, moins de structures pesantes. C’est là notre appel pour nous-mêmes et pour le monde.
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